Qu'est-ce que le vin naturel ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’aborder une certaine classification des vins : nous ne nous attarderons pas sur « les vins technologiques et chimiques produits de raisins issus de d’agriculture chimiquement assisté »[1]. Nous aborderons la notion de vin « bio », puis les chartes privées qui permettent d’apposer leur marque. Tout au long de cette présentation nous laisserons, de par leurs textes, vignerons et écrivains nous sensibiliser au vin naturel.

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Les vins technico-chimiques

Il est désormais de plus en plus problématique d’établir une définition précise et nette d’un vin : qu’est il devenu aujourd’hui sous l’emprise d’une œnologie moderne asservie à un marché qui donne une fausse idée du vin, en uniformisant son goût afin qu’il soit vendable sous toutes les latitudes, en le polluant avec des produits ajoutés qui tuent cette matière vivante ? Ces « vins techniques », fruits et objets de recherches œnologiques qui mutent le vin en le dénaturant, et que l’on recense dans l’ensemble des appellations (même les plus prestigieuses), ne sont que des vins morts, travaillés et trafiqués à un point tel que l’on n’y ressent plus aucune énergie vitale. Leur évolution naturelle, leur aspect vivant, est en fait chimiquement bloqué au nom des exigences commerciales de conservation et de nivelage gustatif des produits. [2]

Pour un respect de la terre, le législateur a officialisé un Label permettant de certifier biologique un certain type de travail du sol. Nous allons voir maintenant la notion d’Agriculture Biologique.

Viticulture biologique

Le règlement européen (CE) N°2092/91 relatif au mode de production biologique de produits agricoles garantit la culture de la vigne selon des méthodes respectueuses de l’environnement et du consommateur. C’est le règlement et lui seul qui est qui est d’application pour un vin qualifié de BIO.

Vinification

Pour ce qui concerne la vinification, c’est le règlement (CE) N°1493/99, portant organisation commune du marché viticole qui est d’application pour tous les vins. « Liste des pratiques et traitement œnologiques autorisés » et « limites et conditions de certaines pratiques œnologiques », les annexes de ce règlement détaillent les nombreux additifs autorisés pour la vinification des vins conventionnels comme des vins issus de raisins biologiques.


Contrôles : Label et Marques

Il existe une centaine d’organismes de contrôle agréés au niveau Européen. Il en existe six en France : Ecocert, Qualité France, Ulase, Agrocert, Certipaq et Aclave.

Il est facile de confondre l’organisme certificateur et le label ou la marque. On entend ainsi régulièrement que tel producteur est certifié « Ecocert » ou tel autre « qualité France ». C’est une erreur, c’est organismes contrôlent le mode de production d’un domaine par rapport au règlement européen N°2092/91, par rapport à la législation française pour ce qui concerne le label AB ou par rapport à des cahiers des charges de marques privées comme Nature et Progrès ou Biodyvin pour exemple.

  • LABEL : mention officielle pour le «vin bio» aux niveaux Européen et national. Le producteur qui a été contrôlé par un organisme agréé reçoit un certificat lui permettant de faire figurer la seule mention qui soit reconnue aujourd’hui au niveau européen : vin issu de raisin de l’agriculture biologique. Le nom de l’organisme certificateur doit également figurer sur l’étiquette.
  • MARQUE : ce sont d’autres mentions pour le «vin bio» d’origine privée. Des associations privées certifient au regard de leur propre cahier des charges. Il faut toutefois noter que ces associations respectent avant tout et complètement les réglementations européennes et nationales en vigueur. Les marques privées sont :
    • Nature et Progrès
    • FNIVAB
    • Biodyvin
    • Demeter

Nature & Progrès

Nature & Progrès est une association de producteurs et consommateurs biologiques.

Pour utiliser leur logo sur un vin, un membre doit avoir une certification biologique pour ses raisins et suivre le cahier des charges de Nature & Progrès sur la vinification. Nature & Progrès recommande, quand nécessaire, que les raisins soient récoltés manuellement et que la fermentation ait lieu à partir de leurs propres levures. L’association permet la chaptalisation (l’addition de sucre pour accroître le volume d’alcool) jusqu’à 1%, le collage (avec des blancs d’œuf bio ou de la bentonite) et , dans certaines circonstances, l’utilisation d’acide tartrique pour corriger l’acidité. Les taux de dioxyde de soufre autorisés sont de moitié ceux de la réglementation européenne. [5]

Demeter France

La filiale française de Demeter propose deux types de certification pour le vin. Les deux portent le même logo et on les distingue uniquement en lisant l’étiquette attentivement :

  • Vin issu de raisins Demeter : il y a des vins produits à partir de raisins certifiés biodynamiques mais qui ne sont l’objet d’aucune restriction dans leur vinification.
  • Vin Demeter : ce sont des vins produits à partir de raisins certifiés biodynamiques et vinifiés selon les règles de Demeter.

Les règles gouvernant la production de vin Demeter sont plus strictes que celles de Nature & Progrès. Les raisins doivent être récoltés à la main, mais peuvent fermenter avec des levures commerciales. La chaptalisation peut avoir lieu dans les vins blancs pétillants, le collage uniquement avec des blancs d’oeuf biodynamiques ou de la bentonite. Certaines filtrations sont également autorisées. Les taux de dioxyde de soufre autorisés sont légèrement plus bas que Nature & Progrès et près de moitié moins que ceux autorisés par la réglementation européenne. Très peu de producteurs sont actuellement certifiés pour produire des vin Demeter et la grande majorité des vins avec les logos sont du premier type. [5]

Après avoir aperçu qu’est ce qu’était le Label AB ainsi que les chartes privées telles que Nature et Progrès ou Demeter qui permettent au vigneron d’apposer le logo sur sa bouteille s’il rempli le cahier des charges à la vigne comme au chai, nous allons maintenant aborder la notion de vin naturel.

Critique du jugement : de nouveaux critères de goûts

Cette nouvelle façon d’appréhender les vins nécessite une remise en question des « grilles d’analyse » de dégustation, voire une rééducation de ses papilles et de son cerveau, afin de tordre le cou à ces à priori qui parasitent notre jugement. Le dégustateur doit savoir aller au delà de ces préjugés. [1]

Le vin est une œuvre d’art qui se juge avec les sens (au moins trois). De la même façon que l’appréciation des arts requiert une éducation et une sensibilité, la dégustation d’un vin implique de développer une nouvelle sensibilité gustative pour pouvoir le comprendre, pour aller à la découverte d’une émotion qui ne soit pas conditionné par l’étiquette et les modes oenologiques convenus. Tout le monde est capable d’entendre une fausse note émaner d’un violon. De la même manière, pour les amateurs de vin naturel il est très facile de distinguer, dès que l’on porte le verre au nez, un vin vivant d’un vin trafiqué. La différence est radicale.

Mais les consommateurs qui découvrent pour la première fois le vin vivant et qui sont plus accoutumés aux produits traditionnels, le jugent à travers leurs paramètres habituels et parviennent mal à saisir sa complexité exubérante, sa vivacité et sa finesse. Comme toute nouvelle expression artistique, le vin vivant impose un changement dans le système de perception et il ne peut être jugé qu’à partir des critères que sa spécificité génère. Face à une gamme étendue de goûts inconnus ouvrant sur un monde inexploré, ceux qui abordent le vin naturel sont plus souvent dérangés par les aromes d’une substance en liberté, libérée de la prison d’un goût stéréotypé, qui est le caractère dominant des vins « fermés » dressant des murs infranchissables entre notre palais et la matière. Aussi, pour jouir de toute l’élégance et de l’énergie de la vérité du vin « ouvert », « ouvert au goût », pour le goûter avec le même plaisir que l’on éprouverait en contemplant une peinture ou en écoutant une musique, il faut acquérir une nouvelle sensibilité, une culture autre du goût.…[2]

Conclusion

La notion de vin naturel ne date pas d’hier pourtant la chimie d’après-guerre a été utilisé à outrance et est venue perturber ce travail de la terre. La chimie a fait des miracles pour répondre au besoin de sociétés commerciales souhaitant un produit stable et uniforme.

Rendement et rentabilité ont remplacé les mots respect et qualité du produit. Le vin doit rester vivant, il doit nous surprendre de par son terroir, son millésime et le savoir faire du vigneron. Le consommateur, formaté depuis des années aux vins chimiques doit apprendre à redécouvrir un vin non pas perdu, mais juste égaré dans le monde d’aujourd’hui. Certains vignerons rebelles ou atypiques ne se reconnaissant plus dans cette œnologie pré-formatée reviennent à un travail respectueux de la terre et une vinification accompagnatrice. « « le vin « naturel », ce n’est pas une doctrine, c’est un idéal : l’idéal, c’est de vinifier sans intrant, en respectant le terroir – l’endroit d’où vient le raisin – et le millésime » [3]

[1] : « La face cachée du vin »– Laurent Baraou/Monsieur septime – François Bourin Editeur
[2] : Propos de Jean-Pierre Robinot [Les périphériques vous parlent – n°27 – 2009]
[3] : François Morel, [le vin au naturel]
[4] : VIN BIO mode d’emploi, du vin bio au vin naturel – jean-Paul Rocher éditeur
[5] : Les logos et labels du vin naturel

Pour en savoir plus sur le vin naturel